Jonathan Hugo Warren {Terminée}

Sensible : Vous ne trouverez pas plus émotionnel que lui. Du moins, bien à l'intérieur. Car très masquée par ses défauts, cette grande qualité essentielle du jeune homme lui semble être une faiblesse à dissimuler au monde sous peine d'être exploité par le premier être machiavélique en approche. Il faut donc vivre caché …

Fidèle : Une chose est sûre, la fidélité est une des valeurs à laquelle il tient le plus. Compréhensif et amical, le jeune homme est une perle dans les relations des autres, sauf lorsque celles-ci sont plus noires que blanches, ce qui peut arriver. Rarement, mais ça arrive.

Intelligent : Une intelligence prodigieuse caractérise ce jeune homme, très tôt remarqué pour son Quotient Intellectuel supérieur à la normale. Ce jeune homme a rapidement démontré qu'il était surdoué, doté d'une logique à défier l'imagination la plus fertile.

Courageux : Pour combattre le mal, il ne faut avoir peur de rien. Et plus déterminé face au danger que lui, vous aurez du mal à trouver. Le jeune homme n'est pas du genre à se laisser abattre, ô ça non ! Appliqué et fonceur réfléchit, le jeune homme ne se jette jamais dans la gueule du loup sans préparation.

Observateur : L'œil vif et l'esprit rapide, le jeune homme sait tirer profit de n'importe quelle situation. En quelques secondes, il imagine déjà de multiples possibilités d'action. Prêt à tout, il semble impossible à surprendre, toujours sur ses gardes. Sa rigueur fait de lui quelqu'un cherchant constamment la perfection.

Mystérieux : Le premier point à noter est que Jonathan est un être profondément neutre. Rien ne trahit jamais ce qu'il ressent. Tous ses gestes semblent calculés, réfléchis et pensés un million de fois avant d'être effectué. Même lorsqu'on tente de le surprendre, la réaction est toujours surprenante par l'impression de détachement qui s'en dégage. Il intrigue, obsède, mais ne se dévoile jamais. De plus, il est du genre à avoir quarante milles secrets.

Réservé : pas du genre très bavard, le jeune homme reste souvent seul dans son coin à observer le monde sans dire un mot. Renforçant son attitude mystérieuse, il intimide facilement et ne semble pas timide. En allant lui parler, vous ne vous retrouverez pas face à un de ses coincés qui deviennent rouge pivoine et bafouille au moindre mot. Pas du tout.

Perfectionniste : Toujours à la recherche du parfait et de l'exactitude, Jonathan peut être particulièrement agaçant de temps à autre. Étudiant appliqué dans son travail, homme à la tenue toujours parfaitement soignée, à savoir, un pantalon noire, une chemise noire, un chapeau de temps à autre et disposé au millimètre près. Un détail peut avoir une importance capitale pour lui.

Arrogant : Caractère défensif en cas d'agression ou de sentiment de malaise, le jeune homme peut se montrer très agressif et froid envers quelqu'un de responsable de ces sentiments. Pour mieux protéger ses émotions et les empêcher de sortir, il a tendance à faire comme s'il ne voulait pas se marcher sur les pieds.

Angoissé : Un véritable stressé de la vie comme on n'en fait plus, mais ça, ça fait partit de ses grands secrets. Le jeune homme est effectivement quelqu'un de très facilement paniqué. Il retient les crise de panique avec brio, mais il s'en faut de peu, de temps en temps, pour qu'il ne lâche pas. Résultat d'un passé houleux …

Un enfant dans les bras, une fillette à ses pieds, c'est sans pitié que son mari venait de la plaquer. Quelques jours plus tard, Evangeline reçut les papiers d'officialisation du divorce. Ethan s'en était allé. La jeune femme, amoureuse, n'avait plus qu'à refermer la plaie la plus difficile à panser du monde. La blessure du cœur brisé. La jeune mi-française, mi-américaine, obsédée par l'idée de changer de vie pour tout recommencer, décida alors de partir pour Phœnix.

C'est en chemin qu'Evangeline fit une rencontre. N'allez pas croire qu'à peine divorcée, la jeune femme se jetait dans les bras du premier inconnu ! Non, Evangeline était une très belle femme. Et parfois même, un peu victime de sa beauté. Grande, élancée, une taille de mannequin, une peau à faire jalouser Blanche-Neige, des yeux bleu saphirs comme on n'en avait jamais vu, et une cascade de cheveux blond d'or. Elle était sans conteste magnifique et forcément, beaucoup d'hommes cessaient toute activité pour la regarder passer dans la rue …

C'est un an et demi après son divorce, lorsque son dernier fils apprit à marcher, que la belle Evangeline avait plié bagage. Sa première fille ayant eut quatre ans la veille, elle lui avait offert, comme un cadeau d'anniversaire, une nouvelle vie dans une jolie ville. Tout semblait merveilleux, comme un conte de fée. Mais la terrible réalité reviendrait bientôt. Pour l'instant, le Destin, de bonne humeur semblait-il, laissait un peu de joie à cette famille détruite.

Devant la distance qui séparait Los Angeles de Phoenix, la nouvelle demoiselle avait fait appel à une société de camion déménageurs. Le directeur de l'agence, un homme très charmant et manifestement sensible à la beauté de la femme qui demandait ses services lui proposa de nombreuses options toutes fraichement inventée par ses soin pour une cliente « étrangement privilégiée ». Devant tant de manière, de gentillesse et d'attention, et le temps des trois mois nécessaire à l'acquisition de la nouvelle maison à Phoenix ainsi qu'aux paperasses de l'agence de déménagement (qui prenaient comme un malin plaisir à se prolonger, aller savoir pourquoi), Evangeline ne pu s'empêcher de s'attacher à cet homme si délicat.

Comment ne pas s'éprendre d'un si beau représentant de l'espèce humaine ? Un véritable dieux grec qui entretenait son corps, dépourvu naturellement de la moindre pilosité disgracieuse autant que l'on pouvait le voir sur ses chemises parfois ouvertes lors des grandes chaleurs de Los Angeles, ou lorsqu'il levait les bras alors habillé d'un sans manche, le jeune homme présentait une carrure d'athlète aux muscles robustes et finement dessinés. Ses cheveux, légèrement châtains, ou blond cendré, encadrait un visage angélique munit de deux émeraudes scintillantes. Son sourire charmeur était une arme redoutable pour les femmes sensibles comme Evangeline. Mais derrière cette apparence sublime se cachait un danger, tel que la pomme du Jardin d'Adam et d'Ève … Notre ami Jess avait de nombreuses, très nombreuses conquêtes à son actifs et il ne se lassait jamais d'une nouvelle « proie ».

Plein de promesse, Jess parvint à toucher le cœur de la femme. Ils s'aimèrent la veille du départ de cette dernière pour sa nouvelle ville. Lorie, alors âgée de quatre ans et demi et Liam, qui en avait désormais deux, ne surent rien de tout cela, pour le moment … Jess avait promit à Evangeline qu'il l'accompagnerait pour toujours, qu'ils se marieraient, et qu'ils auraient même un enfant … mais parmi ces trois promesses, une seules fut involontairement tenue …

Arrivée à Phoénix, la pauvre Evangeline ne parvenait pas à joindre son amant et ami. Il ne répondait jamais au téléphone. Il n'émettait aucun signe de vie. L'annuaire lui-même ne connaissait aucun Jess Spencer. De nouveau, une lame aiguisée comme des lames de rasoir taillada le cœur de la femme. Désormais, elle était bien dans sa nouvelle ville, mais avait presque envie de déjà repartir.

D'autant plus que quelle ne fut pas sa douleur et son étonnement lorsque, neuf mois plus tard, elle mit au monde un enfant, fruit de sa nuit d'amour passée avec le soit-disant Jess,qu'elle avait tenté d'oublier définitivement. Malheur à toi Destin, qui ne cesse d'aller à l'encontre de nos volontés ! Quel cruel fais-tu ! Mais … Ce petit être, même s'il avait les traits de son père, son sourire ravageur par exemple, était tout de même bien plus ressemblant à sa mère, avec ses cheveux blonds (il était né coiffé), ses yeux bleus que ni Liam, ni Lorie n'avaient reçu. Evangéline, éprise d'un besoin d'occuper ses pensées et son cœur, décida de garder l'enfant qu'elle nomma Jonathan, en souvenir des deux hommes qui l'avait pourtant trahit, mais qu'au fond d'elle, elle ne cessait d'aimer.

Lorie alors âgée de cinq ans et Liam, de trois, n'apprécièrent que très modérément cette sorte d'intrus. Encore habitué à être seuls avec leur mère, voir ce nouveau envahir leur vie de famille ne leur plut que très médiocrement. Au point que bien souvent, ils rejetaient le petit qui ne désirait pourtant qu'être un demi-frère dont le préfixe « demi- » ne disparaisse des consciences …

La vie reprit son cours, Evangéline, écrivaine et journaliste, connaissait la notoriété sur les deux domaines. Plusieurs de ses articles se trouvaient dans les premières pages du journal à la vogue à Phoénix. La Ville de l'oiseau de feu était un journal lut par beaucoup des habitants. Et les romans romantiques et poétiques d'Evangeline Dray entraient de temps en temps dans les meilleures ventes. L'argent de la famille était assurée.

Jonathan n'avait que trois ans lorsqu'il tomba nez-à-nez avec une chaine musicale qui diffusait une symphonie du merveilleux L.V. Beethoven. La pastorale sonnait dans le salon déserté par Liam et Lorie qui appréciaient de moins en moins leur demi-frère, préfixe sur lequel ils insistaient lourdement. Et même Lorie, qui à huit ans appréciait s'occuper de bébé en peluche, n'avait qu'un regard dédaigneux pour son petit frère. Jonathan quand à lui, continuait de regarder la chaine musicale jusqu'à ce que l'émission consacrée à Beethoven ne diffuse l'air de la sonate au clair de lune. Absorbé, le petit garçonnet resta planté devant l'écran, les yeux fermés, savourant la musique … S'ensuivit la sonate dite Tempest, une en Do majeur, en Sol mineur et en Fa majeur … Chaque note était un délice, une merveille. Si bien que lorsque sa mère le trouva là, sur le tapis en face de la télévision sur la chaine musicale, le jeune garçon tendit le doit vers l'écran en scandant « Piano ! Piano ! Piano ! ». La jeune femme comprit bien vite l'intérêt du garçon pour la musique … D'où l'inscription au conservatoire de piano, le jour même.

Jonathan s'avéra vite être un excellent musicien. L'oreille musicale, les doigts agiles, l'esprit mature et ouvert, il faisait preuve d'un tel intérêt pour la musique et d'une progression tellement impressionnante qu'un passage chez un médecin se fit, l'être humain étant assez sceptique quand aux prodige de quatre printemps qui jouaient pratiquement aussi bien qu'un élève de milieu de second cycle, alors que le garçonnet n'en était qu'à sa première année. Le verdict fut sans appel, Jonathan était surdoué. Son intelligence qui expliquait sa maturité et le fait qu'il sache déjà lire des partitions d'un niveau avancé avant même de savoir lire l'écriture, ainsi que son talent pour la musique qui suscitait l'admiration de sa mère fut une raison de plus pour Liam de le haïr. Car Lorie, aimant la musique, se réconcilia bien vite avec son frère cadet.

Son intelligence était stupéfiante. Sautant des classes parce qu'il savait déjà lire ou compter au out de quelques leçons lorsque d'autres enfants mettaient des mois à assimiler ce qu'il comprenait à l'instant même, Jonathan ne portait pourtant qu'un intérêt limité à ses études. Elles étaient pour lui, à part la musique bien sûr, une source d'occupation, afin d'oublier la peine qu'il ressentait quand à son impression d'abandon. Lorie entrait dans l'âge de l'adolescence où les petits frères représentent davantage une source d'ennui que d'amitié, elle avait d'autant plus été endoctriné par un Liam manipulateur qui faisait tout pour qu'on haïsse Jonathan. Evangéline, de plus en plus célèbre, de moins en moins présente, ne se rendait pas compte de cela à la maison.

Alors qu'il entrait dans la même classe que Liam qui avait pourtant trois ans de plus que lui, il se retrouva confronté aux moqueries des enfants qui ne pouvaient s'empêcher de lui faire remarquer sa petite taille et son air plus enfantin qu'eux. Moqueries et quolibets fusaient de partout. Jonathan ne disait rien, ce qui frustra les camarades. Discrètement stimulés par Liam, ils finirent par en venir aux mains, maltraitant le pauvre Jonathan qui n'avait rien demandé et qui avait d'autant plus la poisse d'être le premier de la classe ce qui n'aidait pas à être aimé … Ah … Jalousie, quand tu nous tiens !

Alors qu'il était frappé, une jeune fille de sa classe vint interrompre la mascarade. Jolie, brune aux yeux bleu, elle figurait parmi les meilleures élèves de l'école et avait une autorité particulière sur les garçons : bien peu était capable, même aussi jeune et « innocent » de résister à sa fulgurante beauté. Un peu comme Evangeline, en plus jeune … Elle se nommait Laura.

Dès lors, Jonathan comprit qu'il ne pouvait plus rien espérer de la part de son grand frère. Mais il s'était fait la première amie de sa vie. Une amie intelligente qui, malgré la différence d'âge, le comprenait. Seulement, sa progression intellectuelle ne s'arrêtait pas aux classes de primaires. Et il sauta une nouvelle classe, perdant sa seule amie, Laura, et rendant vert de rage son frère qu'il venait de surpasser. Encore.

Lorie avait maintenant quatorze ans. Liam en avait donc douze. Et Jonathan dix. Il avait dépassé les deux autres dans le cursus scolaire et eux le détestait en partie pour cela. Evangeline quand à elle, connaissait désormais une réelle célébrité et il lui arrivait de ne plus rentrer à la maison le soir. Elle fréquentait de grands personnages, côtoyait les stars qu'elle rencontrait en interview, se rendait dans des lieux mythiques, passait à la télévision lors de reportages que les gens s'arrachaient mais aussi, voyait la plupart de ses livres en tête de la liste des meilleures ventes. Elle se faisait traduire et se faisait une place dans la littérature moderne.

Si bien qu'un jour, elle revint à la maison accompagnée d'un homme et de ses deux garçons. Edward et John. Quinze et douze ans. Autant dire que John s'aligna très vite à Liam qui lui enseigna l'art difficile qu'était d'haïr Jonathan. Edward, lui, ne parlait que pour dire le strict minimum, prit possession de sa nouvelle chambre et y restait enfermé toute la journée. L'homme et nouveau mari d'Evangeline était un acteur très connu, mais pas suffisamment pour qu'une horde de paparazzy ne viennent squatter les alentours du manoir dans lequel la famille Dray, dont le nom était devenu Warren. L'homme s'appelait Alexandre Warren. Il était en partie Allemand, d'où la blondeur de ses cheveux et de ceux de ses fils. Ils étaient tout trois très grand, possédaient de grand yeux bleu vif, et une peau très pâle. Ils ressemblaient presque à Jonathan, s'ils n'étaient pas musclés tels des colosses. Ils avaient une carrure plutôt impressionnante en effet …

Jonathan subit avec tristesse le fait qu'il s'apercevait que Liam et Lorie acceptèrent très bien les nouveaux arrivants, chose qu'ils n'avaient absolument pas fait pour lui. Dépité et constamment embêté par Liam et John qui se plaisaient à lui jouer toute sorte de mauvais tours possible, Jonathan se réfugiait dans ses chères études et son piano, discipline dans laquelle il était devenu si à l'aise qu'il était très difficile de trouver quelqu'un pour l'égaler. Plusieurs fois lorsque la maison était déserte, il montait au grenier pour jouer en toute quiétude, il crut qu'Edward venait parfois écouter sa musique. Car Jonathan composait de plus en plus. Cela l'intriguait. Edward l'intriguait …

Une nuit où Jonathan travaillait, il appréciait ce moment de calme dans la maison et comme il dormait mal, il en profitait pour avancer ses études, il entendit du bruit dans le salon. Par chance, les habitants de la famille avait le sommeil lourd et continuèrent de profiter des bras de Morphée. Le jeune garçon de dix ans descendit alors pour voir ce qu'il en était.

Il se retrouva alors devant un Edward habillé de pied-en-cap. Intrigué, il le regarda et Edward lui accorda un sourire. Et bien ça alors ! Edward savait sourire ! Lui qui passait ses journées dans sa chambre, et qui ne sortait que pour manger, aller au collège ou se doucher sans parler à personne, ce personnage taciturne venait de lui sourire !



Il avait une belle voix, même si on devinait un petit accent allemand derrière ce ton posé, calme et serein. Il semblait heureux et léger. Jonathan avait vraiment du mal à comprendre la raison de ce sentiment qu'animait Edward. Quoi qu'il en soit, il demeura ici, cherchant à savoir. Il ne dit rien, laissant Edward se confesser face à son regard quelque peu inquisiteur. Jonathan ne parlait que très peu. Il mettait une grande distance entre lui et le monde. Il se protégeait de la douleur que peu produire la rupture d'une amitié comme Laura, ou la trahison.



Jonathan garda le silence, rougissant quelque peu sous l'effet des compliment d'Edward. Le salon, dans le noir du soir, était assez effrayant. Certains recoins étaient mangés par l'obscurité et les braises rougeoyantes de la cheminée produisait une lueur abyssale infernale. Des ombres et d'autres contours ténébreux ne donnaient guère l'envie de demeurer en ses lieux qui paraissaient maudit. Pourtant, Edward avec son mystère soudain disparu, produisait comme une intense aura de douceur et de protection.



Remontant dans sa chambre avec un léger sourire, Jonathan se sentait enfin à sa place dans cette famille compliquée. Il était heureux que quelqu'un s'adresse à lui. Une grande et profonde affection naissait dans son cœur pour son demi-frère Edward. Si mystérieux, comme lui, et si touchant et protecteur. Si secret aussi … où l'emmenait-il, en pleine nuit ? Qu'importe maman ou beau-papa. Enfin, il allait avoir l'occasion de voir quelque chose que ni Liam, ni Lorie, ni Alex ne sauraient.

De retour dans le salon, il craignit qu'Edward ne l'ai oublié, ou ne lui ait fait faux bond. Mais il était bien là, assit dans un fauteuil de cuir, d'un noir profond, ses cheveux dorés légèrement illuminé par les braises mourantes dans l'antre mystérieux de la cheminée dévorée par les ombres. Se levant avec une grâce mystique, un sourire dilué sur les lèvres, le regard pénétrant, Edward s'avança et lui prit la main.



Un silence s'installa. Il y avait vraiment quelque chose de louche chez ce jeune homme de quinze printemps. Quinze hivers. Quinze années de mystères qui continuait de grandir jusqu'à la fin. Une fin qui approchait de plus en plus jours après jours. Jonathan regarda les yeux bleu, devenu presque violet foncé dans la pénombre.



Le sourire sur le visage du jeune homme se concentra. Il eut comme une légère brise. Et tout autour d'eux ne fut plus que couleur. Transformés en lumière, Jonathan se laissa guidé par Edward. Il avait confiance en lui. Il n'avait pas peur. Il était même émerveillée. Comme dans ses rêves les plus fous, il sortit de la maison en empruntant le conduit de la cheminé qui s'illuminait sur leur passage. Dans le ciel, il se dirigèrent vers la grande ourse, toujours sous forme de lumière. Puis, conduit par Edward, ils piquèrent vers le sol …

Quand ils se matérialisèrent, ils se trouvaient dans une grande salle. Un amphithéâtre désert. Reprenant sa respiration, Evan adressa un regard mi-heureux mi-inquiet à son demi-frère. Ce dernier le contempla alors de son regard qui donnait l'impression d'être passé au rayon-X.



Quelques personnes entrèrent dans l'amphithéâtre. Elles étaient toutes gaies et légères. Parfois déguisées. Edward demanda à Jonathan de prendre place sur un siège du premier rang. Et la troupe monta sur scène. Ils commencèrent à répéter, s'offrant un petit spectacle nocturne. Ils rirent beaucoup, mais progressèrent tout autant. Ils ne cessaient de souligner, de temps en temps, qu'il manquait quelque chose à leur pièce. Edward, partit en coulisse, revint, changé. Complètement transformé. Ses cheveux étaient aussi brun que ceux de Jonathan étaient blond. Et il n'avait plus les yeux bleu, mais des yeux ambrés.

Il se mit à jouer. C'était la scène tragique du spectacle. Une lamentation d'un amoureux face à une demoiselle qui ne veut plus de lui. Un déchirement. Une plainte terriblement belle, tant elle était triste. Dans le jeu toujours, des comédiens déguisés en des sortes d'esprits maléfiques rôdaient autour du jeune souffrant et l'accablaient de reproches murmurées, de coups mimés si bien qu'ils paraissaient vrais. Jonathan était à deux doigts de se lever et il n'était pas le seul, même parmi les habitués, à avoir les larmes aux yeux. Brun et aux yeux marrons, Jonathan reconnu alors en Edward un artiste dont la prospérité montait dans le monde du Showbiz. Alors il comprit. Edward menait une double vie. Mais pourquoi ?

Quoi qu'il en soit, il remit à plus tard ses questionnements. Il éprouvait le besoin de se mettre au théâtre, lui aussi. Cet art l'attirait, autant que l'avait attiré la musique. Il sentait quelque chose, en voyant cette scène. Une sorte d'attirance. Et comme un morceau de fer impuissant, il allait se précipiter vers l'aimant. Théâtre, art dramatique, comédie et jeu théâtral, le voilà …

Après cette soirée, l'aurore menaçait d'arriver. Edward attendit que la troupe s'en soit aller pour retourner vers Jonathan. Lequel lui fit des dizaines de centaines de compliments. Il lui indiqua aussi son envie de s'y mettre. Edward rit dans un premier temps. Puis analysa la chose. Enfin, il conclut de manière suspensive.



Il remit une perruque blonde et des lentilles bleues électriques. Enfin, il prit la main de son demi-frère et ils disparurent en lumière …

Jonathan avait désormais douze ans. Déjà au lycée, en première scientifique, alors qu'Edward du haut de ses dix-sept ans n'était qu'en terminale littéraire, il côtoyait sa sœur de seize ans, encore en seconde. Liam et John avait quatorze ans et entraient dans leur adolescence, ce qui produisait un fort sentiment de joie chez eux, Jonathan ne connaissant pas encore cela. Liam et John avaient leur centre d'intérêt, très porté sur le dessous de la ceinture et se faisait une joie de le sortir le plus souvent possible lors des discussion. Pitoyable.

Edward et Jonathan quand à eux, étaient deux garçons mystérieux mais très proches. Leur aventures nocturnes se composaient principalement de répétitions diverses et variées avec la troupe d'Edward, de quelques tournage et notamment d'une série nommée Dark Street qui faisait fureur aux Etats Unis. Jonathan y faisait quelques apparitions et commençait à jouer dans la troupe. Parfois, ils allaient voir un film au cinéma, en avant-première ou une pièce de théâtre. Une forte complicité les unissaient, tandis que Jonathan conservait jalousement les secrets d'Edward.

Jonathan prenait des cours d'art dramatique au conservatoire, là où il faisait du piano. Mais pour ne rien trahir, et parce qu'il en avait envie, il s'était également mis à la guitare. Un instrument dans lequel il se révélait doué, mais moins que pour le piano où il excellait désormais. Sa scolarité progressait toujours avec d'excellent résultats, il semblait enfin jouir d'un peu de bonheur. Mais de tout bien nait un mal, a dit Leibniz.

Et c'est ainsi qu'Edward connu l'amour et que Jonathan fut de nouveau oublié. Les nuit d'Edward se partageaient de plus en plus avec sa bien aimée, une française dénommée Vanessa. Jonathan passait au second plan, en quelque sorte. Mais il n'en voulait pas à Edward à qui il souhaitait le plus de bien possible. Ils se voyaient encore, après tout, pour les tournage de la série ou les répétitions de quelques spectacles. Jonathan, comme Edward, avait prit l'habitude de se faire une double vie. Le Jonathan de la scène était brun aux yeux qui restaient bleu, comme ceux du vrai Jonathan, un blond.

Jonathan se retrouvait donc avec de nouvelles nuits sans activité d'autre que celle de ses devoirs. Mais Jonathan accordait de moins en moins d'importance à ses études. Il avait surtout besoin d'évacuer. L'évacuation des sentiments, c'est comme une drogue. On a en toujours de plus en plus besoin. Et les moyens qu'on trouve finissent peu à peu par devenir inefficaces et il faut alors en changer. Pour changer, Jonathan se mit à l'écriture. Et fort heureusement, en parfait héritier de la plume et des sentiment de sa mère, il se releva doué, mais garda encore ce domaine pour lui. Il ne publia rien, conservant ses écrits.

« Vanessa et moi, nous nous marions. Nous allons vivre en France. »

« Pardon ? »

Vanessa et Edward se tenaient main dans la main, en face de toute la famille au complet. L'annonce de la nouvelle déclencha une sorte de gêne électrique. Personne ne semblait apte à rester immobile, et un sentiment de malaise traversa toute la petite foule familiale. Finalement, quelques compliments se murmurèrent et tout finit en cris de joie.

Le mois suivant, tous étaient en France et célébrait un magnifique mariage. Les vœux fusèrent, ce fut la fête, et le monde était heureux … sauf Jonathan, qui fort satisfait de la belle vie d'Edward, savait pertinemment que ce mariage voudrait dire que le seul être de sa famille qu'il appréciait allait quitter la maison, et le laisser seul … abandonné encore … cela ne changerait pas.

Deux ans passèrent. La famille Warren les passa en France, fort charmé par ce pays et les beauté de sa capitale dans laquelle il résidait, parmi les beaux-quartiers. Edward et Vanessa venaient très souvent déjeuner ou souper à la maison, une belle villa digne de la condition des parents. Edward se montrait très bienveillant envers Jonathan qui poursuivait son existence, malmené par ses idiots de demi-frère, Liam et John, pervers par nature. C'était l'âge disait-on, mais cela s'éternisait : ils avaient seize ans tout de même !

Du haut de ses quatorze ans, Jonathan avait connu une transformation physique radicale. Bénit soit le ciel qui lui accorda le bonheur que cela passa vite. En deux ans, Jonathan était devenu un homme. Et un bel homme, aux muscles fins, harmonieux et robustes de son père génétique. Un homme au sourire charmeur. Un homme épargné par l'acné, lui qui, génétiquement, n'avait pas la moindre pilosité corporelle, cheveux exceptés. Des cheveux qu'il préférait mi-long voir long. Mais pas trop, pour pouvoir facilement revêtir sa perruque brune et changer d'existence. Une existence qu'il préférait dix fois plus.

Jonathan était bachelier. Il avait obtenu son diplôme et avait fait la fierté de son établissement comme un des plus jeunes bachelier de l'histoire de l'éducation française, un pays dont il maitrisait parfaitement la langue qui plus est. Mais son intelligence lui avait coûté la sociabilité. A part Edward, qui ne pouvait pas vraiment être considéré comme étant un ami puisqu'il était plus que ça, un frère, il n'avait pas d'ami. Laura était déjà bien loin, même s'il la regrettait souvent.

C'est un soir que tout bascula et que sa vie changea du tout au tout. Un soir d'été, de vacance en Bretagne, où un petit vent agréable caressait ses joues tandis qu'il se promenait sur une plage du côté des Sables d'Or, à proximité du Mont Saint Michel. Le soleil descendait embrasser la mer tandis que les vagues venaient mourir aux pieds du garçon. Un jeune homme qui n'avait que quinze ans mais qui en faisait facilement dix-huit ou vingt. Un jeune homme d'un bon mettre quatre-vingt, aux muscles fins et robustes parfaitement remarquable sous le sans manche blanc qu'il abordait. Ces cheveux d'or volaient dans le vent tandis qu'il progressait, pieds nu, son jean bleu remonté grâce à deux ourlets pour éviter que l'eau ne le mouille.

Il s'arrêtait alors pour observer l'île du Mont Saint Michel. Une petite cité dotée d'un château fort, vieille de plus de mille trois cent ans, qui, à l'époque, n'était accessible qu'en marré basse, car l'eau découvrait un passage de rochers. Bientôt, cette petite merveille de la nature allait être goudronnée, et l'on pourrait alors y accéder par toutes les marées. Le Soleil quand à lui, traçait un chemin doré sur la mer d'un calme olympien. Le décors était sublime.

Une main se posa alors sur l'épaule du garçon. Une main tendre mais ferme à la fois. Une main qui ne tolérait aucune résistance. Une main pleine de confiance, et qui inspirait la crainte. Jonathan se retourna alors, et fit face à un jeune homme d'une vingtaine d'années, les yeux vert, des boutons d'acné ci-et-là sur son visage goguenard, les cheveux noirs et gras qui lui tombait quelque peu devant les yeux. Un type complètement drogué, suivit par toute une bande de quatre ou cinq acolytes qui avait poussé le bouchon un peu loin.

« Me*de ! J'ai crût qu't'étais une femme … Pas grave, tu f'ras l'affaire, j'ai b'soin d'me vider … heu … et pas qu'l'esprit ... Chopez le … ou la, les gars … »

Ils furent rapides. Tétanisé, Jonathan se parvint pas à se défendre. Il ne chercha pas à crier, à quoi bon ? Il se débattait du mieux qu'il pouvait. Mais il n'avait que quatorze ans. Ils étaient six à le tenir, à vouloir faire du lui un simple objet, un passe-temps pour un besoin impérieux d'amour … Enfin, quelque chose comme ça. Jonathan se promettait de mourir tandis que son sans manche partait en lambeaux. Quand soudain, une vive lumière éjecta ses agresseurs un peu plus loin. Une lumière que le jeune homme reconnu parmi tant d'autres … Edward.

Son frère était là, grand, puissant, intimidant. Saouls et complètement sonnés, les jeunes se relevèrent un sourire aux lèvres, se pensant sans doute dans quelques jeux vidéos, toute notion de réalité disparut. Refermant la braguette de son jean, le premier type s'avançant vers Edward, sa bouche s'agitant comme s'il cherchait à parler. Un gros crachat partit alors, tombant sur les pieds d'Edward, impassible. Les agresseurs éclatèrent de rire, tout en continuant à s'avancer vers le sauveur.

Jonathan aurait voulu crier, l'avertir, le prévenir du danger. Edward comptait surement sur sa présence intimidante pour les faire partir. Mais sans signes avant coureurs, les voyous se jetèrent sur lui. D'une violence rare et terrifiante, ils frappèrent de toute leur force un Edward surpris, médusé, innocent. Jonathan sentit en lui une bouffée de panique, d'angoisse, de colère, d'horreur, de haine. Et de culpabilité étouffante.

« Stop ... » Murmura-t-il.

« Stop. » Ordonna-t-il.

« STOP ! » Hurla-t-il soudainement.

Ses agresseurs s'interrompirent alors, le regardant de leur yeux d'êtres en manque de plaisir charnel. Mais Jonathan n'avait plus peur. Une rage bouillonnante l'avait saisit, ainsi qu'une énorme migraine. Une bouffée de chaleur. L'impression d'exploser en implosant à la fois. Une cri de rage dissipée par le souffle que produisirent des centaines de kilos de sable qui s'élevaient de la plage déserte. Une véritable tempête, un essaim d'insectes mortels et furieux, qui se précipita vers la bande de jeunes badauds qui fuirent comme des pigeons alarmés par une pierre lancé par un passant.

Jonathan, au milieu de cette fournaise dont il ne sentait rien, était de nouveau prit par la panique. Il ne se contrôlait pas et manqua de d'ensabler son frangin allongé sur le sable. Désespéré, il se vit enfin foncer dans la mer … Une bruit de grêle, le repos du sable, le noir …

Quand il revint à lui, il faisait nuit noire. Une silhouette était allongée tout près de lui et la mer lui chatouillait les doigts de pieds. Il avait la tête lourde, atteint d'une profonde migraine qui lui donnait l'impression d'avoir des dizaines de lames de couteau enfoncées dans le crane. Des étoiles dansaient devant ses yeux et il se rendait compte qu'un mince filet de sang dégoulinait de son nez ...

« Edward ... » Supplia-t-il tandis qu'une profonde tristesse l'envahissait …

Quelques jours plus tard, le meilleur des hôpitaux de Paris signait l'acte de décès d'un jeune homme ayant succombé à un profond traumatisme crânien. Jonathan fut effondré.

Il n'existait plus. L'absence de détails, le fait qu'il ne veule rien dire, lui valait un oublie total vis-à-vis des membres de sa famille. Mais comment parler de cette terrible soirée où tout son univers avait basculé ? Il avait découvert qu'il était quelque chose de spécial. Quelque chose d'effrayant, de terrifiant, d'horrifiant ! Quelque chose qui ne méritait certainement pas de vivre. De plus, la seule personne qui lui avait apporté la joie dans ce monde était morte … à cause de lui, ne cessait-il de se dire. Il avait arrêté de jouer et de tourner. Il ne voulait plus d'une double vie. Il attendrait sa majorité, dans deux ans maintenant qu'il était Français. Et il quitterait cette existence maudite.

Deux ans. Deux ans de vie maudite, comme un fantôme errant dans une maison. Une maison où plus rien n'était comme avant. L'ainé de la fratrie, Lorie, était partie. Faire des études de Médecine, à New-York, quelques mois après le décès d'Edward. Liam et John, inséparables, lançaient, en compagnie du paternel, une société de production. Ils avaient presque involontairement oublié de préciser à l'homme de la famille qu'ils envisageaient la production de films peu orthodoxes. Laura quand à elle, recevait de nombreuses propositions intéressantes, notamment dans le monde politique dans lequel elle avait une influence non négligeable.

Jonathan quand à lui, écrivait. Comme emmuré dans sa chambre, il passait des heures à écrire. Des romans, de la poésie, des nouvelles, des contes. Du théâtre, bien évidemment. Il ne sortait plus que pour aller nager ou pratiquer quelques exercices physiques gymniques particulièrement intensifs histoire d'oublier les sentiments qu'il entassait au plus profond de son être. Il s'était même mit à prendre des cours d'arts martiaux de combats, suite à la tentative d'agression qu'il avait subit …

Il ne fréquentait personne. Ne parlait à personne. Ne voyait personne. Il était comme seul sur la Terre, et ayant comme unique but d'attendre tout en oubliant ses émotions. Un véritable robot, un esprit, une âme en peine. Il trouva un faible but : devenir médecin, et sauver de vies comme on avait sauvé la sienne. Il n'avait que quinze ans lorsqu'il commença ses études … Seize ans. Silence. Dix-sept ans. Personne ne les lui souhaita.

Quand il sortit de chez lui, pour la dernière fois, il ne se retourna pas pour faire un quelconque signe à cette famille qu'il ne pouvait plus supporter. La Mort d'Edward était trop lourde pour tout le monde. Lui le premier. Sans que la famille Warren ne s'en soit rendue compte, Edward était discret mais il avait toujours le sourire et savait donner de la vie dans une maison. Sa disparition avait eut l'air de faire sauter les fondations de la famille recomposée.

La famille s'échappa à New-York, laissant derrière eux une tombe de marbre blanc dans un cimetière parisien qu'un jeune homme du nom de Jonathan, désormais émancipé, fréquentait tous les jours. Combien de larmes avaient frôlé la surface blanchâtre du calcaire métamorphique lors des nuits noires ? Combien de « Pardons » avaient-ils été murmurés durant ces mêmes nuits ? Combien de sommeils avaient eut pour matelas la froideur de cette pierre pâle comme le mort qu'elle abritait ? Innombrables …

Paris ne lui offrit pas satisfaction. Après quelques mois passé là, il choisit de se rendre à Cleveland après avoir reçut une dernière lettre de sa mère qui tentait de renouer contact avec son fils. Une lettre qu'elle avait écrite des années auparavant pour lui annoncer que son père n'était pas le même que celui de Liam et de Lorie. Une raison de plus pour que le jeune Jonathan décide de tirer un trait sur une famille qui ne l'avait jamais inclus en son sein. Sauf Edward … Une nouvelle crise de larmes refoulée …

A cleveland, il publia ses ouvrages se connu rapidement une petite célébrité du moins dans la ville. Ne pouvant vivre uniquement de ses écrits, il poursuit bien évidemment ses études de médecines, où il se trouve être en troisième année. Il est donc interne à l'hôpital de la ville.

Depuis peu, d'étranges rêves le hantent. Une véritable fascination pour les phénomènes paranormaux ne le quitte plus. Il a alors découvert qu'il n'était pas tout à fait humain. Mais plutôt … angélique … Télépathie, et contrôle de la matière. Il s'est entrainé, renforcé, a changé. Il est devenu beaucoup, beaucoup, beaucoup plus distant avec le monde. Il est devenu froid, presque arrogant, pour se protéger. Pour couvrir sa fragilité. Il chasse le mal avec application, soigne du mieux qu'il peut. A quoi ressemblera l'avenir ?